Diverses apparences des Oflags ...
rideau
oflag
Il y eut des oflags d'apparences diverses : les uns étaient formés de grandes baraques de bois ; c'étaient les plus inconfortables. Ces baraques, mal fermées, étaient glaciales l'hiver, surtout lorsqu'on ne disposait que de 3 à 5 kilos de lignite ou de mauvais charbon par jour pour chauffer un local de cent personnes. L'humidité pénétrait de toutes parts, par les toitures de tôle ondulée où, très rapidement, l'administration fut incapable, faute de matériel, de réparer les dégâts que causaient les tempêtes d'hiver ; par le plancher qui pourrissait, faute de fondations suffisantes. Les nuits d'été, c'était la chaleur qui rendait l'atmosphère étouffante car, par crainte des évasions, il était rigoureusement interdit d'ouvrir les fenêtres. D'autres, construits en dur, étaient d'apparence plus confortable. Mais c'étaient souvent des forteresses aux murs épais, aux fenêtres étroites, répondant bien à l'image qu'on se fait de la prison. Entre les uns et les autres, les ressemblances comptent plus que les différences. Partout, c'est l'entassement. Le prisonnier dispose de son lit, si l'on peut appeler ainsi une planche de bois et une paillasse de copeaux qui ne seront presque jamais renouvelés et que les puces semblent apprécier particulièrement. Pour économiser la place, ces couchettes sont superposées, par deux ou par trois selon la hauteur du plafond. Dans l'espace libre, on loge le poêle, une table où il n'y a pas de place pour tout le monde à la fois, et les tabourets individuels, que les plus ingénieux ont tôt fait de transformer en véritables fauteuils, avec dossier et accoudoirs.
Mais l'encombrement est tel que le prisonnier prend rapidement l'habitude de vivre sur sa paillasse. Au reste, c'est là que se trouvent ses richesses : sur une ou deux étagères qu'il aura confectionnées, sa réserve de tabac, quelques livres, les lettres qu'il recevra, le linge qu'il a pu sauver de la débâcle... Là sera son univers, agrémenté parfois de quelques souvenirs personnels, de photos des siens. Entre les baraques ou les blocks, les espaces libres sont plus ou moins vastes, selon la configuration du camp. Ce sont les rues, la place publique de cette ville en miniature, où les prisonniers, chassés souvent de l'intérieur par son inconfort, apprennent à vivre dehors. Parfois, ce sont des espaces pavés ou goudronnés, une cour de caserne, mais souvent aussi des allées de terre, poussiéreuses ou boueuses selon les saisons, que l'officier arpente inlassablement.
vie quotidienne dans les oflags
Un bâtiment, toujours important, et confortable celui-là, est réservé à l'administration allemande du camp : c'est la Kommandantur, où l'officier français n'a pas accès, sauf circonstances exceptionnelles; à proximité, une baraque où il se rend, au contraire, volontiers, celle où on distribue les colis ; plus loin, les cuisines, avec leurs autoclaves bien astiqués d'où sortiront plus souvent des rutabagas qu'autre chose, et, généralement, les douches, qui fonctionneront d'une manière très irrégulière, mais où on ne manquera jamais de faire passer les nouveaux arrivants pour une séance de désinfection et d'épouillage, car les Allemands redoutent plus que tout la vermine, propagatrice d'épidémies. Voici, enfin, l'infirmerie, où règne un médecin allemand, assisté d'un médecin et d'infirmiers français ; c'est l'endroit où chacun va chercher à se faire héberger, à un moment ou à un autre, pour y jouir d'une pièce mieux chauffée, d'un lit meilleur, d'un peu de calme et d'espace ; mais les places y sont rares et la concurrence sévère.
On n'y soigne d'ailleurs que les maladies bénignes. Dès que se présente un cas sérieux, le malade est envoyé à l'hôpital. Les officiers français qui ont connu les hôpitaux allemands reconnaissent volontiers qu'ils y ont toujours été traités correctement et sans discrimination.
camps de prisonniers ou oflags
Quel que soit l'aspect intérieur du camp, celui-ci est toujours ceinturé d'obstacles qui iront sans cesse en se perfectionnant. Qu'il y ait ou non un mur d'enceinte, l'essentiel reste le réseau de fil de fer ( ces barbelés qui deviendront le symbole de la captivité ), souvent simple ligne au début, mais qui se transformera progressivement en une zone de plus en plus large. Parfois, ils sont électrifiés ; toujours, ils sont jalonnés de miradors. Au haut des miradors et à l'extérieur, sur le chemin de ronde, veillent jour et nuit les sentinelles armées de mitraillettes, les posten. Des rondes passent à intervalles plus ou moins réguliers, accompagnées de chiens policiers. La nuit, l'enceinte du camp est violemment éclairée par des projecteurs. Mais lors des alertes aériennes, on les éteindra : l'administration allemande a opté pour le moindre mal, préférant le risque de voir des prisonniers profiter de l'obscurité pour s'évader au danger de jalonner la route des bombardiers ennemis. Elle transgressait ainsi la Convention de Genève qui réglementait le sort des prisonniers de guerre et dont un article prévoyait que les camps devaient être toujours clairement signalés, de nuit comme de jour, pour éviter des méprises fâcheuses. Il est vrai que ce ne fut là qu'une entorse parmi bien d'autres à cette Convention de Genève I...
organination dans un oflag
L'organisation administrative était simple. Le commandant allemand du camp était toujours un officier supérieur, entouré d'officiers responsables de chaque block ou groupe de baraques, les seuls avec lesquels les Français eussent normalement des contacts, d'ailleurs très limités. Chez les prisonniers, les règles de l'organisation militaire demeuraient en vigueur : chef de baraque, chef de block et, coiffant le tout, doyen du camp, le plus ancien dans le grade le plus élevé (c'est-à-dire un colonel, car les généraux étaient rassemblés dans un camp spécial, la forteresse de Kônigstein) représentaient l'autorité à laquelle chacun était tenu d'obéir. Entre eux, les officiers respectaient les règles de la hiérarchie. A grade égal, ils étaient tenus de saluer les premiers les officiers allemands ; mais, sauf imprévu, il était généralement possible d'éviter de les rencontrer.
anecdote
accueil
Accueil
Les prisonniers